Que faire du million ?


Lors d’une émission dédiée à la culture sur LN 24, Madame la ministre Bénédicte Linard a défendu l’aide sous forme d’achats groupés de livres pour son efficacité.

Pour rappel, 1 million d’euros : 50% pour les bibliothèques publiques, 50% pour les collectivités accueillant des publics éloignés de la lecture.

Il faut aller vite, il y a urgence, nous ne diront pas le contraire. Les bibliothèques pourront donc consommer immédiatement et l’argent ira au secteur tout de suite.

Soucieux de voir cette manne arrive à bon port, ABDIL est donc attentif à la bonne gestion de cette action. Mais les critères d’acquisition ne sont pas encore fixés. Le Cabinet de la ministre nous a assuré que l’administration de la FWB? en concertation avec les instances d’avis organisaient l’achat des titres.

ABDIL préconise une série de balises pour ces achats, comme l’a appelé de ses vœux la ministre. Des critères précis afin de soutenir les ouvrages qui auront le plus souffert de la situation :

  • Mettre en place une liste exhaustive des titres ciblés et plafonner l’achat par titre en fonction des critères ci-dessous (ne pas acheter 1000 ex. du même titre à un petit éditeur, mais ne pas épuiser tout le budget non plus sur 3 best-sellers).
  • Cibler les auteur·ices résidant·es et travaillant en Belgique dont la carrière est précarisée.
  • Soutenir en priorité les maisons d’éditions belges et en particulier les plus fragiles, sur base de leur chiffre d’affaire. Ne pas laisser par exemple un groupe éditorial qui aurait seulement une succursale en Belgique asphyxier le budget avec tout son catalogue.
  • Défendre les titres qui ne bénéficient pas d’une diffusion et promotion suffisante et donc d’une moindre visibilité. Sur base de critère objectivables comme le tirage, le budget promotionnel et/ou de l’avance. Que la crise ne soit pas le moment où l’on abandonne des livres sans accompagnement. Et que ce budget à contrario ne soutienne pas les titres très accompagnés et investis.
  • Enfin, cette liste doit porter sur des titres publiés ou prévus, qu’ils aient été reportés ou non, entre Janvier 2020 et Janvier 2021.

Il serait extrêmement dommageable que les choix d’acquisitions soient laissés librement aux seules collectivités ou bibliothèques sans plafond sur les quantités ou sans critères économiques des structures éditoriales. Ces livres sont achetés POUR les bibliothèques et non PAR les bibliothèques.

Nous rappelons que ce budget est une aide exceptionnelle aux acteurs et actrices de la filière de l’édition les plus impacté.e.s par la crise. Il ne peut donc devenir une forme de complément au budget annuel de la lecture publique, dont les bibliothèques conservent par ailleurs l’entièreté et toute liberté d’usage.

Ces aides sont un soutien à la chaîne du livre, mais aussi une première proposition pour un autre monde de la culture. Il est plus que jamais important de ne pas oublier les invisibles : solidarité de l’ensemble de la chaîne du livre et priorité aux auteur.trice.s les plus fragiles  !

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