ABDIL réagit à l’annonce du projet de budget 2024 pour la culture


Dans le projet de décret qui porte sur le budget 2024, il n’est fait mention d’aucune augmentation ni même d’une indexation pour le secteur des Lettres et du Livre. Avec l’inflation que nous connaissons depuis quelques années, cela revient à une baisse effective des soutiens alloués à notre secteur dans le budget culture.

Un constat effrayant et inadmissible qui a fait réagir ABDIL ainsi que de nombreux·ses acteurs et actrices du monde du livre. Nous avons donc contacté la Ministre de la culture pour lui faire part de notre colère et nos craintes et demander révision du projet de décret.

Bruxelles, le 15 novembre 2023

Objet : Interpellation du cabinet de la ministre de la Culture au sujet de la proposition de décret-programme concernant le budget 2024

Madame la Ministre,

Nous avons appris par la Chambre de Concertation des Écritures et du Livre (CCEL), puis par voie de presse (Le Soir, RTBF La première,...) que l’avant-projet de décret-programme portant diverses dispositions accompagnant le budget initial 2024 ne comportait aucun nouvel investissement pour le secteur des Lettres et du Livre. Par la présente, nous tenons à vous faire part de notre totale incompréhension et nos plus vives craintes face à cette annonce qui, si elle se vérifiait, entérinerait la grande précarisation de notre secteur, déjà laissé pour compte dans la répartition du budget de la culture.

L’avant-projet de décret-programme ne fait mention d’aucune indexation ni revalorisation du budget alloué au secteur des Lettres et du Livre, ce qui équivaut à une baisse effective du montant des soutiens au vu de l’inflation généralisée que nous connaissons ces dernières années. Rappelons que le montant dédié à notre secteur ne représente que 0,4 % des budgets alloués à la culture. Une somme dérisoire au vu des défis rencontrés et des missions relevées par les acteurs et actrices du monde du livre. Ces chiffres et la comparaison sans aucune mesure avec les budgets d’autres secteurs culturels - ce qui continue de creuser le fossé des inégalités et complique le dialogue interprofessionnnel - démontrent que la volonté affichée par la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB?) de soutenir la création littéraire et de construire une véritable filière du livre ne se résume qu’à une pauvre reconnaissance symbolique qui ne peut pas nous satisfaire si celle-ci n’engendre aucune action concrète en faveur de notre secteur.

L’absence de refinancement du secteur des Lettres et du Livre implique le gel des aides à la création, qui sont, comme nous le relevons depuis des années, déjà très largement insuffisantes. Nous alertons également sur la faiblesse et souvent l’absence mortifère de soutien structurel aux éditeurs indépendants et aux opérateurs culturels - la plupart des compagnies et les plus petits théâtres reçoivent des subventions largement supérieures aux structures les plus dynamiques de notre secteur qui fonctionnent grâce à l’énergie de travailleur·euses bénévoles.

La revalorisation du financement public des Lettres et du Livre est indispensable pour assurer la diversité et le dynamisme du secteur, la recherche et l’expérimentation, l’édition indépendante et libérée d’une contrainte marchande, les diverses formes de médiation avec le public, la formation et l’accompagnement des auteurs et autrices, etc. Elle est également indispensable pour assurer un minimum de décence dans la rémunération des artistes et des travailleur·euses du secteur, ce qui est une priorité dans la mission et les engagements de la FWB.

De plus, sans revalorisation de ces montants, c’est la représentation directe des acteurs et actrices de la filière du livre qui se trouve mise à mal. Les subsides alloués aux fédérations professionnelles telles que la nôtre - pour ne parler que des montants dont nous avons connaissance - sont largement insuffisants pour assurer les missions qui nous sont confiées dans la concertation professionnelle au sein des instances culturelles : participation active à la mise en place du contrat pour la filière du livre (dont nous sommes signataire), avis et propositions sur les aides à la création, à la diffusion, etc. Autant de tâches qui demandent une force de travail dont nous manquons. Faire le constat, aujourd’hui, de cet oubli flagrant de notre secteur alors que tant d’énergie bénévole est mise en œuvre par ses acteurs, dont les avis sont sollicités mais peu écoutés, pousse ABDIL à vous exprimer son profond désarroi.
Nous espérons que les craintes formulées ici seront entendues.

Avec nos respectueux hommages, nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre considération la plus distinguée.

ABDIL

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