FIBD 2026 : une mobilisation historique

FIBD 2026 : une mobilisation historique


Alors que certain·es espèrent encore sauver un festival en janvier, une chose est claire : la mobilisation qui est en train de mener à l’annulation du FIBD d’Angoulême 2026 est née chez les autrices et auteurs elles·eux-mêmes, avec une détermination qui a pris tout le monde de court — y compris les grands éditeurs. Dès les premiers signes de rassemblement, ABDIL s’est engagé aux côtés du mouvement, soutenant les initiatives collectives et contribuant à amplifier cette prise de parole historique dans le secteur. On fait le point dans cet article.

Dès janvier 2025, nous appuyons une manifestation en ligne demandant le départ de Franck Bondoux, alors délégué général du festival, après la révélation dans la presse du licenciement pour « faute grave » d’une employée qui avait porté plainte pour viol. En avril, ABDIL co-signe la pétition « Désertons le FIBD », dénonçant une gouvernance opaque et verticalisée, indigne d’un festival devenu un événement d’intérêt public. En octobre, à l’approche de la date limite de l’appel d’offres lancé par l’association FIBD pour trouver un nouvel opérateur, nous co-signons une lettre dans L’Humanité rappelant que la refonte du festival ne peut se faire sans les travailleur·euses de la BD. Cet appel d’offres, qui devait permettre d’ouvrir la gouvernance, a finalement reconduit — le 8 novembre — la société 9e Art+. Une reconduction qui a déclenché un tollé massif : l’occasion manquée de transformer le festival a confirmé que le boycott/girlcott devait se poursuivre.

En novembre, ABDIL co-signe deux lettres adressées aux financeurs publics, réaffirmant l’impossibilité de participer à un FIBD piloté par 9e Art+. Mais ces lettres soulignent aussi ce qui change :
👉 la mise en retrait de l’association FIBD au profit de l’ADBDA (Association pour le développement de la bande dessinée à Angoulême) qui serait refondue dans la foulée
👉 la prise de conscience des financeurs publics que le modèle actuel ne tient plus
👉 l’affirmation collective que les auteurices doivent être pleinement associé·es aux décisions

Ces signaux ouvrent enfin une perspective : celle d’un festival repensé avec les premier·es concerné·es, dans un dialogue structuré et non dans l’urgence. Les revendications de l’inter-orga BD sont claires : transparence, démocratie interne, lutte contre les violences sexistes et sexuelles, respect des travailleur·euses, accessibilité, équité.

Ce qui est historique dans ce mouvement, c’est que ce sont les auteurices, et surtout les autrices, qui ont imposé leur volonté. Même les grands éditeurs ont dû se rallier à leur position. Aujourd’hui, l’annulation du FIBD 2026 n’est pas une fin : c’est la preuve que la mobilisation fonctionne, et c’est le début de la reconstruction d’un festival qui doit enfin être à la hauteur de celles et ceux qui le font vivre.

Une victoire qui donne de la force pour Angoulême — et pour toutes les luttes à venir.